Semaine 27

  • Balak
Editorial
Au retour du 3 Tamouz

Il n’est sans doute pas exagéré de dire que le 3 Tamouz - cette année, 10è anniversaire du départ de ce monde du Rabbi – a été vécu, en tous lieux, avec une puissance et une intensité toutes particulières. Pour tous ceux qui sont allés sur le tombeau du Rabbi, ce que l’on appelle le “Ohel”, l’événement a pris une nouvelle ampleur. Alors que chacun est maintenant revenu à son endroit, que d’autres dates, également importantes, retiennent notre attention, il est bon de revenir sur ces moments différents.
Des milliers de personnes, venues du monde entier, se sont retrouvées autour du Ohel du Rabbi. Toutes, au-delà de leurs différences de culture, de mode de vie, ont ressenti une unité si profonde que les mots n’existent pas pour en rendre toute la portée et la profondeur. Aller sur le lieu où repose le Rabbi ne laisse personne inchangé et chacun de ceux qui s’y sont rendus à cette occasion en a fait l’expérience personnelle.
Il faut imaginer : le soleil brille comme pour souligner que nous sommes dans un lieu de lumière, la chaleur pénètre les cœurs de tous. Et, l’attente se prolongeant tant l’assistance est grande, les Psaumes lus par chacun donnent l’impression de s’élever vers le ciel. On parle à son voisin et on découvre un autre pays, un autre monde mais une seule et même attente, un espoir unique, comme un tension qui monte de la foule et qui évoque la réalité d’un effort spirituel essentiel. Puis, le moment vient : son tour est arrivé d’entrer sur le Ohel du Rabbi. C’est un lieu hors du temps, un fragment d’éternité posé sur le sol, un espace dénudé où il y a place pour chacun et pour tous à la fois. Les prières montent et les demandes aussi. Puis le temps passe. Il faut penser à ceux qui attendent à l’extérieur. Alors chacun sort, mais rien n’est pareil. Le monde alentour semble aussi changé. Tous emportent avec eux une part de ce qu’ils ont vécu.
Aujourd’hui, nous savons que rien de tout cela ne disparaîtra. Nous savons que nous avons pris avec nous cette spiritualité renouvelée et que nos actions, nos paroles, nos pensées ne seront plus les mêmes. Une ouverture s’est comme produite ici : vers le temps de toute lumière.
Etincelles de Machiah
Une attente juive

Un jour, à l’époque où le Tséma’h Tsédek, le troisième Rabbi de Loubavitch, était encore un jeune homme, il se trouvait avec un groupe de Hassidim. La discussion s’engagea entre les présents sur le thème: “Qui sait quand Machia’h viendra?”
Le Tséma’h Tsédek commenta: “Ce type de conversation rappelle le style du prophète non-juif, Bilaam. Celui-ci dit, à propos de la venue de Machia’h (Bamidbar 24: 17): “Je le vois mais pas maintenant: je le contemple mais il n’et pas proche”. Il décrit la Rédemption comme lointaine. En revanche, un Juif doit espérer ardemment et attendre chaque jour que Machia’h vienne ce jour-là”.
Vivre avec la Paracha
“Une étoile brillera de Yaakov”,

c’est en ces termes que la Paracha de cette semaine évoque la venue de Machia’h. Car celui-ci introduira une nouvelle lumière dans notre existence, illuminant notre horizon.
D’autres sources dans notre patrimoine de la Torah expliquent que l’étoile à laquelle se refère le verset constitue une analogie avec chaque Juif.
Chaque personne est une source d’énergie positive irradiant de la lumière.
La tradition hassidique réunit ces deux sources expliquant que chaque personne est une étoile parce que chacune contient dans son âme une étincelle de Machia’h.
Nos personnalités spirituelles possèdent plusieurs dimensions et, en leur coeur, réside notre étincelle de Machia’h.
En nous, un élément maintient le bien-être matériel de notre corps et se soucie de l’alimentation, du sommeil et d’autres activités
matérielles. Et nous ressentons des sentiments et sommes absorbés par des pensées. Ceux-ci égalemement possèdent des facettes multiples car notre univers spirituel personnel est au moins aussi varié que la personnalité humaine.La source de ces différents cadres de référence est D.ieu, comme le note Maimonide: “la vérité de Son être s’exprima en différentes formes d’existence”.
Cependant, il existe, dans nos âmes, et dans toute existence, ce qui reflète
“la vérité de Son être” elle-même, qui est Un avec D.ieu. C’est cela notre étoile personnelle.
Et c’est notre étincelle de Machia’h.
Car la venue de Machia’h donnera naissance à une Ere où la Divinité qui se trouve au coeur de chaque être fera surface.
Cela n’annulera pas l’existence de quelque entité que ce soit; mais cela permettra plutôt à chaque entité de se redéfinir et à sa véritable nature spirituelle de jaillir à l’extérieur.
Pénétrer le cœur Avant que Rabbi Chnéour Zalman de
Lyadi, fondateur du mouvement hassidique quitte ce monde, il regarda le plafond et demanda à son petit fils:
“que vois-tu?”
Son petit-fils répondit: “je vois une poutre”.
“Et moi, reprit le Rabbi, je vois le monde de D.ieu … qui anime cette poutre et lui assure son existence”.Il n’avait pas cessé de voir la poutre, mais il voyait aussi “le monde de D.ieu”.
A la venue de Machia h, “la Gloire de D.ieu sera révélée, et toute chair verra que la Bouche de D.ieu a parlé”.
Nous pourrons tous voir que l’énergie divine penètre notre monde.
Nous ne parlons pas nécessairement de miracles, ce que nous voulons dire est que tout comme nous pouvons reconnaître nos maisons et notre environnement, nous reconnaîtrons que la force vitale de D.ieu imprègne toute existence.Rendre présent le futur Ce qui précède n’est pas l’histoire du futur. Nous ne parlons pas de quelque chose qui n’existe pas maintenant et qui arrivera un jour. Nous parlons de la vérité de ce que nous sommes réellement, de ce qu’est le monde en réalité. L’étoile, l’étincelle de Machia’h est ce dont il s’agit à propos de nos vies. Tout ce que D.ieu a créé, même la plus insignifiante des créatures, aide à sa manière à parachever la vérité de D.ieu. C’est un fait. La nature est bonne; elle est divine et ne sert qu’un objectif divin. C’est la réalité. Aucun Juif ne peut ni ne veut se séparer de D.ieu, c’est simplement ce que nous sommes réellement. Quand nous reconnaissons ces faits et les appliquons à notre vie, nous sommes alors capables d’expérimenter un avant-goût de l’ère messianique, de l’ère de la Rédemption.
L’environnnement de bien-être matériel et d’accomplissement spirituel qui caractériseront l’ère future est accessible aujourd’hui. Tout ce que nous avons à faire est d’ouvrir les yeux et de regarder le monde avec la juste
perspective.
Lorsque chaque personne appliquera ces vérités à sa vie, elle irradiera,
comme une étoile. Cela, comme c’est
naturel, montrera le chemin aux
autres. Car après avoir rencontré une
telle personne, chacun désirera vivre
de cette manière. Et par une progression
exponentielle, l’Ere de Machia’h
deviendra une réalité.
Le Coin de la Halacha
Qu'est-ce que le 17 Tamouz ?

Cette année, le jeûne du 17 Tamouz est le mardi 6 juillet 2004. On ne mange ni ne boit depuis le matin (à 3 h 16, heure de Paris) jusqu’à la tombée de la nuit (22 h 57 à Paris).
C'est ce jour que Moché Rabbénou (Moïse notre Maître) brisa les premières Tables de la Loi à la suite du péché du veau d'or. Bien plus tard, le sacrifice quotidien fut interrompu lors du siège de Jérusalem. Une première brèche apparut ce jour-là dans les murailles de la ville sainte. Enfin Apostomos installa une idole dans le Temple et brûla un rouleau de la Torah, toujours un 17 Tamouz.
Durant les trois semaines suivantes jusqu’au 9 Av (mardi 27 juillet 2004) on augmente les dons à la Tsédaka. On évite d’acheter de nouveaux vêtements et on ne prononce pas la bénédiction « Chéhé’héyanou » (par exemple pour un fruit nouveau). On ne se coupe pas les cheveux et on ne célèbre pas de mariage.
Suite à l'appel du Rabbi, à partir du 17 Tamouz, nous intensifions l'étude des lois de la construction du Temple (dans le livre d'Ezékiel, le Traité Talmudique Midot et le Maïmonide).

F. L.
De Recit de la Semaine
Gan Israël : une influence éternelle

C’était il y a un peu plus de dix ans. L’émissaire du Rabbi à Ittica (état de New York), Rav Eliahou Silberstein reçut un coup de téléphone bouleversant : un père, rescapé de la Shoah, exposait son problème :
« Je suis né à Lodz et toute ma famille a péri dans la Shoah. Par une suite incroyable de miracles, j’ai survécu et, après la guerre, je me suis installé aux Etats-Unis. Je me suis marié et nous avons eu deux fils. Comme nous sommes pratiquants, nous avons envoyé nos fils étudier à la Yechiva University. L’aîné s’est marié sans problème. Le second s’était fiancé avec une jeune fille également pratiquante mais, peu de temps avant le mariage, elle s’est subitement rétractée et tous les projets ont été annulés : bien sûr, mon fils en a été profondément choqué et, petit à petit, s’est éloigné de la communauté et de la pratique religieuse. A l’époque il terminait ses études de médecine.
« Un jour il nous expliqua tout de go qu’il avait fait la connaissance d’une jeune fille chrétienne qu’il souhaitait épouser ! Nous avons été atterrés par cette nouvelle, nous avons tenté de l’en dissuader par des pleurs, des arguments logiques, des supplications même mais la pression qu’il subissait chez nous était telle qu’il préféra nous quitter en claquant la porte.
« Cela fait presque douze ans que nous n’avons plus aucune nouvelle directe de notre fils. Inutile de décrire notre peine. Au début, nous ne savions vraiment rien de lui puis nous avons fait appel à un détective privé qui, après enquête, nous informa que notre fils avait terminé brillamment ses études et qu’il était devenu un médecin très réputé dans le domaine de l’ORL ».
Le père marquait une pause. Il respirait difficilement, encore sous le coup de l’amertume.
« Et que puis-je faire pour vous ? » demanda Rav Silberstein, intrigué.
« Dernièrement, nous avons appris que notre fils s’est installé à Ittica et nous avons pensé que vous pourriez peut-être nous aider à renouer le contact avec lui », dit le père d’une voix étranglée.
« S’il s’est éloigné à ce point de son judaïsme et de sa famille, pourquoi accepterait-il de discuter avec moi ? » remarqua, fort justement, Rav Silberstein.
« C’est vrai, ce n’est pas évident, mais je suis persuadé que d’une manière ou d’une autre, vous trouverez le moyen de parler à son cœur ».
Rav Silberstein en parla à son épouse qui suggéra qu’il prenne pour elle un rendez-vous chez ce médecin pour d’(imaginaires) problèmes de santé : le Rav l’accompagnerait pour la consultation et aurait donc l’occasion de discuter avec lui.
Mais ce n’était pas si simple. Il fallait d’abord obtenir une lettre d’un médecin de famille puis attendre trois mois pour un rendez-vous. Quand, enfin, les Silberstein se présentèrent, on leur expliqua que ce médecin s’était justement fait remplacer ! Inutile de décrire leur déception.
Entre temps, il y eut le 3 Tamouz 1994, le jour où le monde juif apprit avec stupeur la Histalkout du Rabbi de Loubavitch (son départ physique de ce monde).
A l’approche des Chlochim (le 30ème jour de deuil), Rav Silberstein décida d’organiser un grand rassemblement dans sa communauté, avec discours, vidéos, expositions etc… Pour cela, il fit imprimer des invitations avec la photo du Rabbi, une brève biographie et quelques mots sur l’influence bénéfique que le Tsadik continue d’exercer, une fois dans le Monde de Vérité, sur ceux qui s’attachent à lui. Au moment d’envoyer ces invitations, il eut l’idée d’ajouter le nom du docteur à son mailing : que risquait-il ? Au meilleur des cas, celui-ci viendrait et le Rav pourrait alors lui parler. Au pire des cas, sa secrétaire téléphonerait pour exiger qu’on enlève son nom de la liste.
Le médecin ne vint pas.
Quelques jours plus tard, le père téléphona : « Rav Silberstein, je ne sais comment vous remercier ! »
- « Je ne vous comprends pas ! Je n’ai pas réussi à rencontrer votre fils ! »
- « Alors moi aussi je ne comprends pas ! Sachez que, hier, on a sonné à notre porte : c’était notre fils. Je ne peux vous décrire combien nous avons été surpris et heureux. Nous n’avons pas osé lui demander ce qui l’avait poussé à venir enfin chez nous mais j’étais persuadé que c’était grâce à vous ! »
Rav Silberstein réfléchit puis suggéra : « Peut-être est-ce parce que je lui ai envoyé une invitation… »
« Sûrement ! s’écria le père. Ecoutez : quand les enfants étaient petits, nous les avons envoyés dans les colonies de vacances Gan Israël du mouvement Loubavitch. Je suis sûr que l’image du Rabbi est gravée profondément dans l’esprit de notre fils. Je ne vois pas d’autre explication ! »
Quelques semaines plus tard, le père téléphona à nouveau : « Il y a quelques minutes, notre fils a téléphoné et a demandé que nous lui envoyions ses Téfilines ! Apparemment, il se passe quelque chose dans sa tête et son cœur ! »
Et un mois plus tard, le père rappela ; cette fois, il pleurait et avait du mal à parler. « Notre fils nous a annoncé qu’il s’était séparé de sa compagne. Nous avons l’impression que notre fils nous a été rendu ! »

* * *

Depuis le premier coup de téléphone, il s’est passé, comme nous l’avons dit, plus de dix ans.
Rav Silberstein aura très bientôt l’occasion d’assister au mariage du docteur avec une jeune femme juive respectueuse des lois de la Torah avec laquelle il établira un foyer cachère et harmonieux.

Si’hat Hachavoua
traduit par Feiga Lubecki