Rabbi Aquiba est resté célèbre dans l'histoire juive pour sa remarquable érudition talmudique. Bien qu'il n'ait entamé l'étude de la Torah qu'à l'âge de quarante ans, il devint le plus grand maître de sa génération, réunissant 24.000 étudiants avides d'assister à ses cours. Mais on sait moins qu'il était aussi dévoué aux causes charitables et qu'il collectait de grosses sommes pour racheter les prisonniers et nourrir les familles nécessiteuses.

Il voyageait souvent très loin pour réunir les fonds nécessaires. Un jour, alors qu'il comptait l'argent qu'il avait réussi à obtenir, il réalisa que malheureusement, il était encore loin du compte: «Où pourrai-je trouver l'argent qui manque ?» se dit-il. Soudain, il eut une idée : non loin de là, au bord de la mer, habitait une femme très riche. C'était une Romaine et, bien qu'elle ne fût pas juive, elle croyait en D.ieu, se conduisait de façon morale et avait beaucoup d'admiration pour les Sages juifs.

Tôt le lendemain matin, Rabbi Aquiba se rendit dans le luxueux palais de cette noble dame. Quand elle réalisa qui était son invité, elle le fit entrer et le pria de s'asseoir. Elle écouta attentivement Rabbi Aquiba qui expliquait son projet et détaillait les causes charitables pour lesquelles il oeuvrait. Elle réfléchit et déclara respectueusement : «Je suis tout à fait d'accord pour vous prêter l'argent — bien qu'il s'agisse d'une grosse somme — mais qui se portera garant pour le remboursement ?». Rabbi Aquiba était pris au dépourvu: «Choisissez qui vous voulez !» répondit-il. Perdue dans ses pensées, la femme regardait la mer. Tout en écoutant le bruit des vagues, elle sourit et dit : «Je déclare que le D.ieu d'Israël et la mer seront les garants que l'argent me sera rendu à la date convenue !» C'est ainsi que Rabbi Aquiba put repartir, soulagé d'avoir trouvé la somme nécessaire pour les familles pauvres qui comptaient sur lui. Le jour où il dût rembourser sa dette, il était malade, incapable de trouver un messager qui pourrait rapporter l'argent à sa bienfaitrice.

Celle-ci attendait patiemment, elle avait confiance en Rabbi Aquiba mais ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter : «Où est-il ? Peut-être ne viendra-t-il pas ! Peut-être n'aurais-je pas dû lui prêter tant d'argent !». Comme elle avait bon coeur, elle tenta de se rassurer : «Il est sans doute malade ou n'a pas réussi à trouver l'argent. Ouoi qu'il en soit, je lui pardonne, mais j'ai besoin de l'argent aujourd’hui!». Alors que le soleil se couchait, elle se rendit sur la plage et se mit à prier: «Seul Vous, D.ieu, savez pourquoi Rabbi Aquiba n'est pas encore venu ! Peut-être est-il malade ou a-t-il oublié. Mais j'ai besoin de l'argent aujourd'hui ! Vous, D.ieu et la mer, vous êtes ses garants ! Je compte sur vous pour me rendre l'argent !» Ayant fini sa prière, elle regarda la mer et, à sa grande surprise, elle aperçut un magnifique coffre balancé par les flots et poussé vers elle par les vagues. Elle le prit, l'ouvrit et découvrit une véritable fortune en pièces d'or et pierres précieuses. A l'autre bout de la mer, une princesse s'était promenée le long du rivage.

Elle était suivie par sa servante qui portait un coffre rempli d'or et de pierres précieuses, un cadeau offert par de nobles visiteurs. Soudain, sans raison, la princesse avait saisi le coffre et l'avait jeté dans la mer. La servante horrifiée avait bien tenté de le récupérer mais en vain : de hautes vagues l'avaient déjà entraîné au loin. Dès que Rabbi Aquiba fut rétabli, il se présenta chez la dame romaine pour lui rendre l'argent. Mais elle refusa en souriant : «Vous ne me devez absolument rien. Votre D.ieu a déjà remboursé la somme !». Et elle raconta l'histoire étonnante du coffre que la mer avait rejeté à ses pieds : «J'ai compté l'argent, j'ai pris ce qui m'était dû et je vous donne le reste pour que vous le distribuiez à tous ceux autour de vous qui en ont tant besoin !».