"C’est un commandement de la Torah que de raconter les miracles et les prodiges qui arrivèrent à nos ancêtres en Egypte"
(Maïmonide, Michné Torah, Hil’hot ‘Hamets OuMatsa, chap. 7)

Nos Sages enseignent (Talmud de Jérusalem, traité Pessa'him chap. 10) que nous buvons quatre coupes de vin au cours de chaque Séder en souvenir des quatre expressions employées par D.ieu pour annoncer au peuple juif sa libération d'Egypte : « Je vous ferai sortir... et Je vous sauverai... et Je vous délivrerai... et Je vous prendrai ».
Pourtant, sur le plateau du Séder, nous n'utilisons que trois Matsot alors qu'elles aussi représentent notre délivrance comme le rappelle le texte de la Haggadah. Pourquoi ne pas en avoir pris quatre ?
Il existe une raison profonde qui explique le sens des quatre verres et des trois Matsot. On sait que, lorsque vint le moment de sortir d'Egypte, les Juifs n'étaient pas dignes de ce grand événement. Au point qu'ils durent fuir la terre de servitude, non parce que les Egyptiens voulaient les retenir - abattus par la plaie des premiers-nés, ils n'en avaient guère la volonté - mais parce que, s'ils avaient tardé un instant de plus, l'impureté les auraient retenus dans les limites de l'exil.
Concrètement, la libération ne fut complète qu'un peu plus tard, au moment du Don de la Torah. C'est du reste la signification de « Je vous prendrai comme peuple » - par le Don de la Torah. La Matsa représente justement la première étape. La Haggadah nous le raconte : « Nous mangeons la Matsa car la pâte de nos ancêtres ne put pas lever jusqu'à ce que D.ieu Se révèle et les libère ». 

Cela souligne que D.ieu fit le miracle de la délivrance malgré l'insuffisance de nos ancêtres qui, incapables de combattre l'impureté, durent la fuir. C'est pourquoi elle est appelée « pain de pauvreté » car « il n'est de pauvreté qu'en esprit ». Et elle n'a pas de goût car les Juifs n'étaient alors pas capables de ressentir le plaisir du service de D.ieu. Le vin est à l'opposé. Il a du goût et suscite la joie ; il est la vraie marque de liberté. C'est ce que symbolise la quatrième expression utilisée par D.ieu : « Je vous prendrai comme peuple ». Ce quatrième degré nécessite que les Juifs aient fait l'effort d'élévation nécessaire. Cela apparaît dans le vin, signe de la libération complète suite aux accomplissements des Juifs, d'où les quatre verres.
Mais, dans la Matsa, il n'y a encore que les trois premiers niveaux/expressions qui montrent qu'il reste encore beaucoup à faire et donc seulement trois Matsot. A nous aussi d'entreprendre le voyage !