La naissance et la renaissance sont les thèmes de ce Chabbat, à la fois par le contenu de la lecture hebdomadaire et la date dans le calendrier juif.

La naissance spirituelle

Chaque détail appartenant à notre monde humain a son parallèle au niveau spirituel. L’apogée des relations humaines se trouve dans celle qui unit l’homme et la femme dans le mariage. Avec l’aide de D.ieu, le mariage conduit à la naissance des enfants, garçons et filles.

Dans divers passages de la Torah, l’image du mariage est utilisée pour décrire la relation qui unit le Peuple Juif à D.ieu. La plus célèbre d’entre elles se lit dans le Cantique des Cantiques du roi Salomon. La « bien aimée » qu’on y trouve est le Peuple Juif qui entretient une relation complexe avec D.ieu : parfois, il s’éloigne de Lui, parfois il s’en rapproche. Le prophète Yichayahou utilise également une métaphore similaire :

Notre Paracha s’ouvre sur un passage évoquant la femme qui donne naissance à un enfant : «Quand une femme conçoit et porte un fils». On explique habituellement ce passage par son sens littéral. Si c’est un garçon, l’enfant doit être circoncis, et garçon ou fille, la mère se doit d’apporter une offrande au Temple, en général deux colombes. Elle apporte son don quarante jours après la naissance, si c’est un garçon et quatre-vingt jours plus tard, si c’est une fille. Ces colombes constituaient les offrandes les plus populaires apportées au Temple de Jérusalem.

Le Rabbi cite le grand Sage marocain, Rabbi ‘Haïm ben Attar (auteur du commentaire Or Ha’haïm sur la Torah, 1696-1743) qui suggère une autre manière de lire ce texte. Tout comme dans le Cantique des Cantiquesou dans Yichayahou, la femme représente le Peuple Juif : à travers une relation accomplie entre le Peuple Juif et D.ieu naît un enfant.

Rabbi ‘Haïm explique que la naissance symbolise la Rédemption. Le sens de plénitude et d’accomplissement que ressent un couple lorsqu’ils ont un enfant reflète la très grande réalité spirituelle dont un Peuple Juif libre et indépendant fait l’expérience lorsqu’il est enfin capable de servir D.ieu d’une façon complète.

Notre histoire nous présente un certain nombre d’exemples de rédemptions. Il y a plus de 3300 ans, il y eut la rédemption d’Egypte. Alors que nous vivions en Terre d’Israël, nous avons souvent subi les attaques et les persécutions de nos voisins et D.ieu nous en délivrait. Nous avons miraculeusement échappé à une menace d’extermination, à l’époque de Pourim. Nous avons été libérés de Babylone et sommes revenus en Terre d’Israël où nous avons construit le Second Temple. Quelques siècles plus tard, nous avons été sauvés de l’oppression grecque, à l’époque de ‘Hanoucca, etc.

Le problème, à chacun de ces moments de rédemption, était qu’ils étaient suivis d’une nouvelle phase d’exil. Notre espoir et notre foi sont dans la Rédemption ultime, qui sera permanente et totale. Cela mettra fin à tout conflit, pour nous, le Peuple Juif, mais aussi à l’échelle du monde entier. Rabbi ‘Haïm explique que cette Rédemption permanente est symbolisée par la naissance d’un garçon décrite au début de la Paracha. Le mâle est physiquement plus fort et cette force dénote la permanence de la Rédemption.

Comment y parvenir ? Quand la femme, le Peuple Juif, «conçoit». La graine est semée dans le sol et cet ensemencement représente notre service de D.ieu dans notre monde matériel. En fait, il existe des idées merveilleuses, des sentiments et des états de conscience auxquels nous devrions aspirer, mais la base réelle de toute chose est la réalité pratique de l’observance des commandements de la Torah dans notre vie quotidienne, comme manger des aliments cachers, donner la charité ou observer le Chabbat.

Ces réalités concrètes créent le lien tangible avec D.ieu qui mène à la naissance et comme conséquence de la naissance, à l’expérience merveilleuse d’apporter des offrandes au Temple, et pour l’humanité dans son ensemble, à l’accomplissement du but de la Création.

La naissance et la renaissance

Les cérémonies qui entourent le grand moment de la naissance et l’idée de la Brith Milah, l’Alliance de la Circoncision, qui crée un lien particulier entre D.ieu et l’enfant mâle, nous sont expliquées. Les Sages nous disent qu’une fille est considérée comme née avec la circoncision. C’est pourquoi chaque Juif entre dans le monde avec un lien tout particulier avec D.ieu.

La joie de la naissance est, nous l’avons vu, exprimée par l’offrande qu’apporte la mère, des deux colombes, au Temple.

Il est courant que cette Paracha soit lue pendant le mois de Nissan, un mois joyeux, inextricablement lié avec Pessa’h et la Rédemption d’Egypte. Cet événement constitua en fait, la naissance du Peuple Juif. L’Exode est décrit en ces termes par le Prophète Yé’hezkel. Il utilise l’allégorie de la naissance pour décrire toute l’expérience du Peuple Juif quittant l’Egypte, errant dans le désert tout en mettant sa foi exclusivement en D.ieu, et finalement son développement en une nation mûre servant D.ieu par la Torah et ses commandements.

Nous trouvons également des enseignements comparant notre expérience ultérieure d’exil à un état de grossesse. L’enfant pas encore né, est entièrement formé mais il ne fonctionne pas comme un être humain normal. Il possède des yeux et des oreilles mais il ne peut ni voir ni entendre. De la même façon, nous, le Peuple Juif, ne pouvons fonctionner convenablement, en utilisant pleinement notre stature et notre sensibilité spirituelles. Alors que nous sommes toujours en exil, nous accomplissons les Mitsvot mais nous ne sommes pas véritablement conscients de leur importance. C’est pour cette raison que de nombreuses personnes n’ont pas encore pris la mesure de l’importance de les observer. Si nous avions la conscience d’une personne mûre, c’est avec allégresse que chacun d’entre nous s’y livrerait de plein cœur !

Comme dans le cas d’une mère qui attend un bébé devant naître de façon imminente, nous aussi attendons avec impatience la renaissance et le renouvellement du Peuple Juif et du monde, avec la venue de Machia’h. L’attitude adéquate pendant ces derniers instants est l’accomplissement des Mitsvot, l’étude de la Torah et tout particulièrement l’amour de chacun. C’est ainsi que nous parviendrons à la naissance et la renaissance, pour le bien de l’humanité toute entière.