A partir du 2ème soir de Pessa’h, nous accomplissons, jusqu’à Chavouot, un commandement particulier : le compte de l’Omer. Soir après soir, nous comptons les jours qui s’étendent entre ces deux fêtes et font ainsi le lien entre la sortie d’Egypte et le Don de la Torah. Certes, cela marque notre impatience : à peine libérés de la servitude, nous manifestons notre désir de parvenir à l’aboutissement annoncé, la révélation de D.ieu au mont Sinaï. Cependant, comme pour tout commandement, celui-ci a également un sens plus profond.

C’est pendant quarante-neuf jours que nous comptons ainsi le temps. La Torah l’ordonne en ces termes : « Tu compteras sept semaines ». Ce chiffre ne doit rien au hasard ; il est loin d’être simplement le nombre de jours qu’il fallut à nos ancêtres pour aller d’Egypte jusqu’au Sinaï. En fait le chiffre sept est celui, traditionnel, des attributs émotionnels de l’homme : la bonté, la rigueur etc. Chacun d’eux se subdivisant par tous les autres, cela donne sept multiplié par sept soit quarante-neuf. C’est dans ce contexte que le compte de l’Omer prend toute sa signification.

En effet, lorsque les Juifs sortirent d’Egypte, ils se trouvaient au plus bas des degrés spirituels : à la quarante-neuvième porte d’impureté, précisent les commentateurs. N’avaient-ils pas vécu pendant bien longtemps sur cette terre, la plus éloignée de toute réelle spiritualité à cette époque ? Il n’est guère étonnant qu’ils en aient subi l’influence, au point que, lors de leur départ, ils durent fuir de peur que le mal s’attache encore à eux. Cependant, même après ce départ, il leur restait une œuvre immense à accomplir. Partis de si bas, ils devaient parvenir en un court délai au niveau suffisant pour qu’ils soient dignes de recevoir la Torah. L’effort était donc important. C’est justement pendant la période de l’Omer qu’ils le firent. Le compte des jours fut, pour eux, également une manière de s’élever de degré en degré en raffinant, tour à tour, chacune de leurs émotions. Au bout des quarante-neuf jours, ils avaient accompli ce qui devait l’être, s’étaient élevés jusqu’à la quarante-neuvième porte de la sainteté et, le lendemain, le cinquantième jour, D.ieu Se révéla à eux et leur donna la Torah.

C’est le même effort que nous entreprenons aujourd’hui. Alors que nous célébrons la fête de Pessah et sortons ainsi de notre « Egypte » intérieure, comptant l’Omer, nous progressons sur l’échelle du spirituel en raffinant nos émotions. Nous nous préparons alors véritablement à recevoir la Torah au mont Sinaï tant il est vrai que c’est aussi de l’effort de chacun que dépend la Révélation.