Lettre n° 27

[25 Tichri 5703]

Je ne souhaite pas conclure cette lettre, bien qu'elle traite, par ailleurs, de Mitsvot, sans citer les propos de nos Sages. Je le ferai brièvement car, vous concernant, tout développement serait inutile(1).

Tous s'accordent pour dire qu'un animal est astreint par la Torah à recevoir la Che'hita. Il existe une controverse, en revanche, pour ce qui concerne la volaille, mais la Hala'ha tranche que, là encore, la Che'hita est nécessaire. Les poissons, en revanche, en sont dispensés et il suffit de les rassembler(2).

La 'Hassidout et, d'une certaine manière, la partie révélée de la Torah soulignent que la Che'hita entraîne un "déplacement" de l'animal. En effet, il ne reçoit plus sa vitalité de la même source qu'auparavant et il peut donc se confondre au sang et à la chair de l'homme, lui apporter la force physique nécessaire au service de D.ieu et ne pas provoquer sa chute, ce qu'à D.ieu ne plaise.

L'animal, créé à partir de la terre, ne peut s'élever au dessus du sol sans l'intervention d'une autre personne. Dans le service de D.ieu, cela fait allusion au corps et à l'âme animale, car "l'homme naît comme un âne sauvage" (Yov 11, 12) et son mauvais penchant s'empare de lui dès les premiers instants de sa vie. C'est pour cela que, selon l'unanimité des avis, la Che'hita est nécessaire. C'est, du reste, dans ce but que l'âme descend ici-bas, bien qu'elle n'ait nul besoin d'élévation pour elle-même. Elle doit uniquement rechercher celle du corps.

La volaille fut créée par un mélange d'eau et de terre. Elle peut donc s'envoler, de temps à autre, mais elle se fatigue, de la sorte et doit, de nouveau, se poser à terre.

Dans le service de D.ieu, cela signifie que l'âme intellectuelle, intermédiaire entre l'âme divine et l'âme animale, peut percevoir le Divin, même si elle ne possède qu'un intellect humain. En effet, l'âme divine intervient à travers elle.

C'est pour cela que les avis sont partagés quant à la nécessité d'imposer la Che'hita pour une volaille. Mais, la Hala'ha en retient le principe.

Les poissons se trouvent en permanence dans le lieu de leur vie et, s'ils le quittent, ils meurent aussitôt.

Dans le service de D.ieu, cela souligne que l'âme divine, même au moment de la faute, reste fidèle à D.ieu, Source de la vie, Qui dispense "la vie de la vie".

La Che'hita, les concernant, est donc inutile, dès lors qu'ils se trouvent dans le lieu de leur vie. Les rassembler, par contre, reste nécessaire, car l'âme qui s'introduit dans un corps et doit transformer la matière du monde se disperse entre de nombreuses préoccupations. Elle doit donc réunir et regrouper ses forces(...).

On ne fait pas de Che'hita à une sauterelle, qui n'a pas de sang, lequel fait allusion aux plaisirs du monde. Elle est, par nature, soumise et s'unit aux autres sauterelles. Mais, parfois cette attitude peut avoir des conséquences négatives et c'est pour cela que certaines espèces de sauterelles sont impures.

Il est dit que, dans le monde futur, le Saint béni soit-Il fera la Che'hita au mauvais penchant. Alors, Il nous fera revivre et rassemblera nos exilés, par notre juste Machia'h, très prochainement.

Notes

(1) On consultera, à ce propos, le tome 23 des Rechimot, les notes que le Rabbi prit pour son usage personnel. Le tome 23 figure dans le cinquième volume de la traduction française.
(2) Pour les consommer.