Lettre n° 149

Par la grâce de D.ieu,
Veille de Pessa'h 5704,

Au grand Rav, érudit et craignant D.ieu,
Le Rav Avraham Elyahou(1),

Je vous salue et vous bénis,

J'ai bien reçu vos deux lettres concernant les livres provenant de la bibliothèque du défunt Neyhaizen. J'ai tout de suite transmis la question à mon beau-père, le Rabbi Chlita et vous avez sans doute déjà reçu sa réponse, à ce propos.

Vous avez sûrement reçu, en leur temps, nos dernières publications, le fascicule du 18 Elloul, les tomes 2 et 4 du Sifrénou, les étapes du Séder de Pessa'h, le Kovets Loubavitch.

Il est dommage que vous ne vous serviez pas de votre influence auprès des différents groupes constitués dans votre ville, pour élargir le nombre des lecteurs de ces livres et de ceux qui les étudient.

C'est en particulier vrai pour les livres éducatifs, dont l'intérêt est double. En effet, utiliser ces livres permet de délivrer les écoles des ouvrages dans lesquels figurent des idées étrangères au Judaïsme.

Il y a ici de nombreuses écoles, qu'il est difficile de considérer comme des institutions appartenant à des 'Hassidim 'Habad, mais qui ont, néanmoins, adopté ces livres, pour la raison qui vient d'être évoquée.

Il est justifié de faire preuve, en la matière, d'un peu de fierté, car, dans ce pays "aussi", on accorde de l'attention à ce qui est dit avec fermeté et détermination. Ayant eu connaissance de l'influence que vous exercez, je suis convaincu que si vous exprimiez fortement votre avis, vous verriez vos efforts couronnés de succès. Du reste, vous pouvez dire que, au Beth Yaakov, on utilise les livres publiés par le Merkaz Leïnyaneï 'Hinou'h.

Nos Sages disent qu'un érudit doit avoir un peu d'orgueil(2). Et, la 'Hassidout explique que, de la sorte, on supprime toute emprise des forces du mal.

Puisque j'évoque ce sujet, je vous citerai une explication, donnée à ce propos, qui semble surprenante. En effet, les discours 'hassidiques font mention de l'avis conseillant à l'érudit d'avoir un peu d'orgueil, alors que la Hala'ha retient l'autre avis, faisant obligation de la rejeter résolument, comme le dit le Rambam, de même que l'Admour Hazaken, dans son Choul'han Arou'h.

Je conclurai, comme vous l'avez fait vous-même, en évoquant la délivrance. J'ai entendu un proverbe, couramment cité par les 'Hassidim des écoles polonaises: "L'année au cours de laquelle on lit huit fois la Parchat Chemini est grasse(3)". C'est bien le cas, cette année(4).

Ceci peut sans doute être lié à l'importance du chiffre huit, décrite par la 'Hassidout. Ainsi, la harpe, dans le monde futur, aura huit cordes. Les huit lectures de Chemini évoquent, en outre, la révélation de l'Attribut de l'analyse raisonnée(5) dans tous les domaines possibles. On distingue deux niveaux, constituant la cinquantième porte de cet Attribut. De fait, celui-ci opère la synthèse de tous les Attributs de l'intellect, mais non de ceux de l'émotion.

Néanmoins, il faut citer une preuve de la Torah qu'il en est bien ainsi, tout comme on lit des versets proclamant la royauté de D.ieu(6). C'est pour cela que la Parchat Chemini est lue huit fois. Dès lors, l'année peut être grasse.

Citant le Maguid de Mézéritch, mon beau-père, le Rabbi Chlita expliqua le sens de Chemini Atséret. Il dit que ce jour est le huitième(7), mais aussi le plus "gras". En effet, un seul boeuf est alors sacrifié, "pour toi et non pour les étrangers qui sont avec toi"(8). Ceci se réalisera, lors de la délivrance complète, très bientôt et de nos jours, par notre juste Machia'h.

Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa'h cachère et joyeuse, la Techouva immédiate et la délivrance immédiate,

Rav Mena'hem Schneerson

Notes

(1) Axelrod.
(2) Voir, à ce propos, les lettres n°160 et 161.
(3) Chemini, signifie huitième et est, en outre, de la même étymologie que Chamen, gras.
(4) Soit Chabbat après-midi, lundi et jeudi avant Pessa'h, les deux Chabbats après-midi de Pessa'h, lundi et jeudi suivant Pessa'h et le Chabbat Chemini au matin.
(5) Bina, qui est la huitième Sefira.
(6) Le jour de Roch Hachana, pour apporter une preuve de la Torah, que D.ieu doit effectivement régner sur le monde.
(7) De la fête de Soukkot.
(8) En ce jour, la bénédiction divine est accordée uniquement à Israël, alors que les soixante dix boeufs sacrifiés pendant les sept premiers jours de la fête correspondent aux soixante dix nations.